La paroisse de Sainte-Anne en Guadeloupe est fondée à la fin du XVIIème siècle.
Il est cependant impossible de dater avec précision sa naissance.
La seule certitude c’est qu’en 1670 une chapelle du nom de Sainte-Anne-de-la-Grande-Terre est mentionnée à proximité du site où est implantée l’église actuelle.
L’existence de la paroisse en tant qu’entité juridique et ancêtre de la commune actuelle de Sainte-Anne, est quant à elle attestée en 1691.

Pôle économique et commercial

De par son essor économique lié au commerce, à l’agriculture vivrière et cannière esclavagiste, Sainte-Anne devient très rapidement la commune la plus riche et la plus peuplée de la Grande-Terre.
Cette prospérité lui permet de s’octroyer des pouvoirs administratifs, en plus du pouvoir économique.
Ainsi, au milieu du XVIII siècle, le bourg encore récent est le siège de la sénéchaussée de Grande-Terre, et de l’amirauté instituée en 1742. Le port de Sainte-Anne permet aussi l’embarquement du sucre et du rhum.

Christian Schnakenbourg : la crise du système esclavagiste 1835-1847, L’harmattan, 1980

En 1759, la guerre de sept ans opposant l’Angleterre à la France, bat son plein. C’est dans ce contexte que Sainte-Anne est entièrement détruite par les anglais. Seuls les Grands-Fonds encore isolés ne sont pas touchés. Tout est à reconstruire. La sénéchaussée est donc transférée à Pointe-à-Pitre huit ans plus tard.
L’importance économique de la commune, principal pôle commercial de l’île avec la Martinique, n’est cependant pas amoindrie.

Révoltes et abolition

La révolution française de 1789, conformément à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, entend abolir l’esclavage. En 1790, Sainte-Anne qui est le quartier le plus peuplé de la Guadeloupe, présente, par sa répartition démographique, un profil particulièrement esclavagiste. L’importance de la population servile favorise sans doute le climat de révolte qui agite la région. Les 15 et 16 mai 1791, s’ourdit l’une des premières révoltes d’esclaves de la période révolutionnaire. Sainte-Anne est terre de marronnage et de résistance à l’esclavage pendant la période révolutionnaire.

Une brève période d’émancipation débute en 1794, année du débarquement de Victor Hugues, porteur du décret du 04 février 1794 de la convention, déclarant l’abolition de l’esclavage dans les colonies. C’est aussi l’année où commence la campagne militaire qui aboutit à la reconquête de l’île.

Avec l’esprit révolutionnaire de l’époque, Sainte-Anne change de nom et est rebaptisée « Fraternité », nom qu’elle conserve durant toute la période révolutionnaire.

Le rétablissement de l’esclavage par Napoléon en 1802 génère aussi des évènements d’une extrême gravité dans toute la Guadeloupe et dans la commune de Sainte-Anne, qui s’illustre avec courage dans l’insurrection et le marronnage. Les évènements d’octobre 1802 où les cultivateurs d’une vingtaine d’habitations se soulèvent en sont un bel exemple.
Vers 1830, Sainte-Anne compte au nombre des principaux quartiers producteurs de canne, de loin la première culture de la commune, dont la vocation sucrière se confirme à la fin du XIXe siècle.
En effet, Sainte-Anne dispose en 1885, de la première superficie cannière de la Guadeloupe. Elle compte trente-quatre sucreries, dont trois dotées d’une usine à vapeur.

Chronologie politique

Jusqu’à la Monarchie de 1830, Sainte-Anne demeure une "paroisse". Ce n’est qu’en 1837 que sont instituées les Administrations Municipales. Le conseil Municipal est élu selon un suffrage restreint. Seuls ceux qui paient le « cens », l’impôt électoral de l’époque (suffrage censitaire) et ceux qui ont des titres et des diplômes (suffrage capacitaire) ont le droit de vote.

Ce régime électoral perdure même après l’abolition de l’esclavage de 1848 et ne disparaît qu’avec le Second Empire conformément au sénatus-consulte de 1854.

Une administration communale est nommée toujours composée des mêmes notables d’avant le second empire avec le dénommé LE TERRIER D’EQUINVILLE comme maire de la commune de Sainte-Anne. Il faudra attendre 1871 pour un retour du suffrage universel mais toujours au profit des notables. Un usinier possédant la quasi-totalité des terres, le dénommé DUBOS est élu Maire de Sainte-Anne.

Avec la libération des esclaves et la réorganisation du travail, les revendications sociales se multiplient. Les grèves sont de plus en plus nombreuses et dures. Malgré la montée en puissance d’une nouvelle catégorie sociale de couleur, les notables blancs imposent leur hégémonie à la tête des institutions. C’est ainsi qu’Eugène GRAEVE est élu chef d’édilité de la municipalité de Sainte-Anne en 1925 et Député en 1934.

L’élection en 1935 de Maurice SATINEAU, natif de Baie-Mahault, comme Maire de Sainte-Anne marque l’hégémonie des notables blancs, DUBOS et GRAEVE qui dirigent la mairie depuis 1871. Avec le régime de Vichy, le droit de vote disparaît et le conseil municipal est à nouveau nommé. C’est un riche commerçant de Pointe-à-Pitre, Maurice DUPLESSIS qui par un arrêté de SORIN est élu maire de Sainte-Anne.

En 1945, les choses redevenues normales, Maurice SATINEAU retrouve son fauteuil de maire pour dominer la vie politique de Sainte-Anne jusqu’à sa mort le 13 septembre 1960.

C’est son premier adjoint, Monsieur Saint-Pierre PHIRMIS qui lui succède. Il cède ensuite son poste de maire à M. Albert LAZARD qui l’occupe de mars 1965 au 08 juillet 1970, date de son décès.

Monsieur Hégésippe IBENE, alors premier adjoint au maire, fait fonction de maire pour terminer la mandature jusqu’en mars 1971. La conquête de la mairie de Sainte-Anne oppose alors les héritiers de SATINEAU devenus gaullistes, et les communistes guadeloupéens, représentés par Hégésippe IBENE.

C’est finalement Hégésippe IBENE qui est élu maire aux élections municipales de mars 1971. Il conserve ce poste jusqu’en en 1989. Marcellin LUBETH, son premier adjoint lui succède.

La victoire de Marlène CAPTANT sur Marcellin LUBETH en 2001 met fin à trente ans de direction communiste à Sainte-Anne. Frappée par une inéligibilité relative à son compte de campagne, Marlène CAPTANT doit abandonner la mairie de Sainte-Anne en décembre 2002. C’est Alexandre BASTAREAUD l’un de ses adjoints, qui lui succède.

L’instabilité politique qui s’ensuit, entraîne la démission de la majorité du conseil municipal.

Les élections municipales organisées en septembre 2003, sont remportées par la liste de Blaise ALDO, le maire de Sainte-Anne, réélu aux élections municipales de mars 2008.

En mars 2014, Christian BAPTISTE remporte les élections municipales et devient ainsi le maire actuel de Sainte-Anne.


Sources :

  • Le patrimoine des communes de la Guadeloupe, FLOHIC éditions, 1998.
  • Guadeloupe-sainte-anne.com
  • Christian Schnakenbourg : la crise du système esclavagiste 1835-1847, L’harmattan, 1980

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